HÔTELS CULTES RESSUSCITÉS, INSTITUTIONS RELIFTÉES, NOUVEAUX ÉTABLISSEMENTS AU DESIGN CHIC ET CHOC, LA NOUVELLE VIE DES HÔTELS NEW-YORKAIS SE DÉVOILE EN 6 ADRESSES.

Bohème et glamour : The Hotel Chelsea

1884. New York. Bardé de théâtres et d’artistes, le quartier de Chelsea voit s’ériger un immeuble de briques rouges de 400 chambres, le plus haut de l’époque, à l’architecture victorienne gothique, flanqué de balcons sur chacun des douze étages. L’architecte d’alors, l’idéaliste Philip Hubert, imagine un immeuble résidentiel coopératif où ouvriers et artistes pourraient se loger, sans se ruiner, en partageant les coûts d’entretien et la gestion de l’immeuble. Un projet utopiste qui prend fin quelques années plus tard, laisse place à un hôtel de luxe, mais conserve à tous les étages ses locataires et son âme particulièrement bohémienne. S’y succèderont le poète Dylan Thomas, qui finira ses jours ici, le peintre Jackson Pollock qui y vécut dix années, Arthur Miller, Leonard Cohen, Patti Smith…

Fermé en 2011 pour travaux, le Chelsea Hotel rouvrait en février dernier, sous la houlette de ses nouveaux propriétaires Sean MacPherson, Ira Drukier et Richard Born, déjà associés au Jane Hotel et au Bowery. Si une quarantaine de résidents vivent toujours ici, artistes en majorité, les 12 étages ont été récurés, la nicotine a disparu du plafond, le parquet a été refait, tableaux et peintures se retrouvent au lobby, dans les couloirs et dans les chambres. Dans la centaine de chambres déjà terminées (155 sont prévues au total), fauteuils léopard, miroirs piqués, têtes de lit tableaux et papiers-peints coquins inspirent encore. Moins bohème mais toujours vivant, et terriblement attachant. Le premier restaurant de l’hôtel, El Quijote, le plus vieil espagnol de New York (1930) et préféré d’Andy Warhol, s’est refait une bonne réputation, et prochainement le spa du toit-terrasse organisera ses séances beauté face aux plus belles façades du quartier.

The Hotel Chelsea
204 W 23rd Street
10011 New York
États-Unis
www.hotelchelsea.com

Historique et sélect : The Ned NoMad

West Side, dans le quartier du Nomad, l’hôtel du même nom, ouvert en 2012, marquait le renouveau touristique d’un quartier ayant vu s’ouvrir quelques années plus tôt le premier Ace Hotel de New York. Récemment repris par la multinationale des « social clubs » Soho House, The Ned NoMad Hotel s’est installé depuis l’été dans le Johnston building, un bâtiment de 1902, à l’architecture Beaux-Arts, comptant 13 étages, la moitié rivés sur Broadway, une partie ayant vu plongeante sur l’Empire State Building. Encore habitées par les anciens décors signés Jacques Garcia, les 167 chambres, toutes rafraîchies, comptent paravents, baignoires, fauteuils en cuir et vieux téléphones, et les salles de bain offrent, à emporter, une large trousse de toilette garnie de produits de beauté au format voyage.

« Social club » oblige, The Ned NoMad réserve à ses membres un jardin d’hiver où s’organisent des live jazz, un restaurant, The Dining Room, aux airs de salle à manger chic et tamisée, et un rooftop fleuri idéal pour contempler l’Empire State Building en sirotant un cocktail Old Fashion. L’hôtel compte aussi le restaurant italien Cecconi’s au rez-de-chaussée, ouvert, lui, au public, et un bar à cocktail parfait pour retrouver des amis. Dans quelques mois, The Ned Nomad verra s’inaugurer un nouveau concurrent dans le quartier. Attendu depuis des lustres, le Virgin Hotel, premier exemplaire du nouveau projet de Richard Branson, tutoiera le ciel de Manhattan avec ses 38 étages et une tour spectaculaire rectangulaire qui devrait loger 400 chambres.

The Ned NoMad
1170 Broadway
10001 New York
États-Unis
www.thened.com

Classique et vertigineux : Park Lane New York

Au début des années 70, le Park Lane New York hissait ses 47 étages sur la 59ème rue, face à Central Park. Un des hôtels les plus grands de la ville, à la façade en arches d’origine, et dont les 612 chambres et suites, véritables nids suspendus au-dessus du poumon vert et de la Skyline de New York offrent les vues les plus époustouflantes de Manhattan. Vieillissant sur les bords, le Park Lane a relifté ses intérieurs l’année dernière, l’agence Yabu Pushelberg (une habituée des projets hôteliers à succès, pour les groupes Aman et Edition Hotels, ou retail à l’image de la nouvelle Samaritaine) prenant le soin de raviver cinquante ans d’histoire. Plus coquet qu’avant, à l’image du salon du check-in désormais bordé d’un long paravent rouge et doré, le Park Lane s’est refait une beauté, et déclame dans tous ses étages des décors à la gloire de la faune (lapins et écureuils compris) et des paysages de Central Park.

Si l’hôtel voit passer du monde, même beaucoup de monde, les ascenseurs font grimper en seulement quelques secondes au sommet de l’immeuble, direction Darling. Un rooftop lounge à l’allure de jardin d’hiver, idéal pour déconnecter, siroter un verre au comptoir central, ou se lover dans un fauteuil style Emmanuelle avec vue plongeante sur New York. Meilleur endroit pour un petit déjeuner, le Harry New York Bar, au deuxième étage, sert avocado toasts, saumon fumé Petrossian, pancakes ou œufs Benedict à se damner.

Park Lane New York
36 Central Park S
10019 New York
États-Unis
www.parklanenewyork.com

Cosy et flamboyant : Fouquet’s New York

Le premier hôtel du groupe Barrière aux États-Unis vient d’ouvrir dans le quartier de Tribeca. Un bâtiment de quatre étages, couleur brique rouge, s’inspirant des immeubles historiques voisins devenus les nids de nombreuses célébrités. Après le traditionnel « Bonjour », joliment enrobé d’accent américain, le Fouquet’s accueille ses invités dans un décor Art déco français, époque fétiche du décorateur Martin Brudnizki dont la palette de rose pâle, lavande et vert amande s’invite du lobby jusqu’aux étages. Soit 97 chambres et suites à l’ambiance boudoir parisien, toutes parées de papiers-peints façon toile de Jouy, de larges fenêtres ouvrant sur la rue ou le fleuve de l’Hudson, de canapés chics et veloutés, avec mention spéciale pour la Suite Duplex dont l’escalier doré, paré de tapisseries bucoliques, ferait se prendre pour Gatsby ou Liza Minnelli.

Aux chambres, le Fouquet’s ajoute un bar de poche dans la même tonalité Art déco, aux fauteuils velours et au comptoir magistral, marbré et rosé. Vintage à souhait, la salle de cinéma propose banquettes pour deux et divans douillets couleur moutarde, et le Spa Diane Barrière du sous-sol offre une piscinette pour s’étirer après s’être offert un des soins signé Biologique Recherche. Emblème de l’enseigne Barrière, le restaurant Fouquet’s figure une réplique parfaite de la brasserie de l’avenue des Champs-Elysées. Des tables nappées blanches aux murs boisés et rouge, jusqu’à la galerie de portraits Harcourt (dont Catherine Deneuve bien sûr) : ici, c’est Paris !

Fouquet’s New York
456 Greenwich street
10013 New York
États-Unis
www.hotelsbarriere.com

Luxe et minimal : Aman New York

Construit en 1921, le Crown building, un immeuble de 30 étages et 126 mètres de haut, fut le plus haut de la ville avant que l’Empire State Building ne le détrône dix ans plus tard. Coiffé de sa tourelle couronnée d’or, l’immeuble à l’architecture Beaux-Arts qui accueillit les collections du MOMA à ses débuts, qui logea le siège de la maison Dior, et même de la société Playboy, retrouve son aura depuis quelques mois avec l’ouverture de l’Aman New York. Sur la 57ème rue, au croisement de la 5ème avenue, voisin de la vertigineuse Steinway Tower, le Crown building loge son hôtel ainsi que 15 étages d’appartements privés (le plus vaste, doté d’une piscine en terrasse, occupant à lui seul 6 étages).

Pour l’hôtel, rendez-vous au 14ème étage. L’Aman New York, au décor signé Jean-Michel Gathy, ouvre sur un salon aux hauteurs vertigineuses, sublimé par l’œuvre poétique en papier de Peter Gentenaar, un restaurant italien et un Garden Terrace avec pleine vue gratte-ciel. Sublimes, les Suites dévoilent une ambiance minimaliste et chaleureuse, des panneaux mobiles en papier de riz remplacent les habituelles cloisons, un lit aux dimensions folles s’offre quelques vues sur la ville et, partout, les cheminées à gaz s’allument. Le Aman New York a misé sur le grand luxe. Son Spa et sa piscine de 20 mètres, somptueuse, se décline sur trois étages, compte deux Spa Houses avec terrasse, chambre, cabine de traitement, hammam et sauna russe pensés pour se faire du bien. Et par quelques portes dérobées, s’ouvre, certains soirs, un club de jazz intime, réservés à quelques initiés.

Aman New York
The Crown Building, 730 5th avenue
10019 New York
États-Unis
www.aman.com

Un village dans les nuages : Pendry Manhattan West

À l’ouest de Penn Station, dans le nouveau quartier de Manhattan West, dominé par les deux gratte-ciels du One Manhattan West, et par un complexe fraîchement ouvert de bars et restaurants, s’ouvrait fin 2021 le Pendry Hotel. Un bijou d’architecture, nouvelle réalisation de l’agence Skidmore, Owings & Merrill, ondulant d’un bleu nuit sur 23 étages et dont les intérieurs, signés des new-yorkais Gachot Studios, invitent à vivre New-York à la mode californienne. Soit un décor minimal, lumineux, clair et relaxant, ouvrant d’abord sur un coffee-shop, un bar, le Swanky New Bar, au décor nacré, laqué, doré et parfaitement tamisé, et un restaurant, Zou Zou, parenthèse végétale et mentholée où manger toute la journée.

Bondé de trentenaires et quadras branchés, le Pendry Hotel déroule ses 164 chambres et suites, toutes moulées dans des décors sablés, beige et feutrés, et offrant, pour la plupart, des vues pittoresques sur les gratte-ciels du quartier. Parfaitement équipée, la salle de gym assure la mise en forme. Et au quatrième étage, le bar Chez Zou rappelle les décors d’hôtels particuliers parisiens, tout velours avec sol en mosaïque blanche et noire, où l’on sert, entre autres, de belles assiettes d’huîtres à gober. Le Pendry possède aussi un rooftop, en cours d’aménagement, offrant quelques vues étourdissantes, et par lequel on peut apercevoir l’enseigne lumineuse du New Yorker Hotel.

Pendry Manhattan West
438 W 33rd street
10001 New York
États-Unis
www.pendry.com